La formation initiale en Ecole Vétérinaire

 

La formation initiale en Ecole Vétérinaire


 
La formation initiale se déroule dans une Ecole Nationale Vétérinaire. Cette formation correspond au tronc commun enseigné à tous les futurs docteurs vétérinaires, et dure 4 ans.
 
L'accès à cet enseignement n'est possible qu'après l'obtention du concours d'entrée par une des 5 voies actuelles.
 
 

Contenu de la formation


 
La formation tronc commun vise à fournir au futur docteur vétérinaire le bagage minimal pour exercer dans les différents types de métiers possibles. Le contenu est le même pour tous les pays européen : il est disponible sous forme de syllabus précisant les savoirs, savoirs-être et savoirs-faire dans chaque discipline.
 
Sont abordés :
 
- L'animal sain (son anatomie, sa physiologie)
- Les techniques d'élevage, l'alimentation, la pathologie de la reproduction
- La sémiologie, les techniques diagnostiques
- Les pathologies et la thérapeutique correspondante (ce qui comprend également la chirurgie et l'autopsie)
- Les maladies zoonotiques (c'est-à-dire qui se transmettent à l'Homme) infectieuses et parasitaires
- La technique d'inspection des aliments d'origine animale et les lésions/pathologie pouvant mettre en danger l'Homme
 
Tout cela porte quasi exclusivement sur les animaux domestiques courants.
 
 

Organisation


 
La formation initiale peut se découper en 2 grandes parties : la première partie assez théorique portant sur l'animal sain et les sciences fondamentales comprenant les 2 premières années. Elle se termine par la sémiologie, c'est-à-dire l'étude des symptômes et signes cliniques.

La seconde partie correspondant aux 2 années suivantes porte sur les pathologies médicales (médecine interne), chirurgicales et de la reproduction ainsi que les différentes spécialités relatives aux animaux de compagnie, NAC, équidés et animaux de production. C'est également durant cette partie qu'est abordée l'inspection des aliments.


Plusieurs formes d'enseignement sont mises en place dans les Ecoles Vétérinaires :

• les Cours Magistraux : ils se déroulent en amphithéâtre pour une promotion complète. Les cours durent en général 2 heures.

• les TP/TD : Travaux Pratiques et Travaux Dirigés, ils se déroulent en plus petit groupe (1/4, 1/8 ou 1/16 de promotion) avec un encadrant pour traiter de sujets plus complexe où la réflexion est mise en avant. Ces instants permettent la mise en pratique des connaissances vues en cours.

• les TT ou Travaux Tutorés : ce sont des exposés à préparer à partir d'un sujet (réflexion à mener, synthèse bibliographique, présentation d'un aspet nouveau...) et à présenter ensuite à un enseignant et aux étudiants.

• les Cliniques : les étudiants participent dès la 3ème année d'Ecole au fonctionnement des cliniques du Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire (CHUV) de l'Ecole. Ainsi des rotations dans les différents services sont organisées.

• les Stages : plusieurs périodes de stages sont prévus à l'extérieur pour compléter la formation.



Disciplines enseignées




Anatomie : sont étudiés les mammifères domestiques et les oiseaux dans leurs moindres détails : les viscères, les os, les articulations, les muscles, les nerfs et les vaisseaux.
 
Physiologie : c'est tout ce qui porte sur le fonctionnement d'un animal en condition standard, c'est-à-dire en l'absence de toute pathologie. Les grandes fonctions sont étudiées : la circulation sanguine, la digestion, la régulation de la température corporelle etc...
 
Biochimie : les grands mécanismes moléculaires sont passés en revue dans le cadre d'un animal sain et en cas de dérèglement.
 
Histologie : étude des différents tissus animaux au niveau microscopique.
 
Pharmacologie et Toxicologie : les grands principes de pharmacologie : diffusion des substances dans l'organisme, élimination, effet sur les cibles et passage en revue des différentes familles de médicaments avec leurs propriétés et leurs toxicités. Le diagnostic et le traitement des intoxications sont également traités.
 
Biologie cellulaire et moléculaire : il s'agit de l'étude des différentes techniques de biotechnologies liées à l'interface entre ADN et expression des caractères : OGM, transgenèse, clonage et les techniques diagnostiques : hyrbridation etc...
 
Génétique : comment et pourquoi les animaux sont sélectionnés pour améliorer le potentiel. L'étude des maladies héréditaires fait aussi partie du programme.
 
Zootechnie et Productions Animales : ce sont les méthodes d'élevage des animaux : les bovins laitiers, les ovins etc... L'économie des différentes filières est également abordée. Les enjeux politiques (avec notamment la PAC) sont présentés. Les races et leurs caractéristiques sont listées.
 
Alimentation : les différents types de sources d'aliments, les besoins en énergie, comment établir une ration alimentaire pour les différents types d'animaux selon leur utilisation. L'adaptation de l'alimentation des animaux hospitalisés ou malades (consultation de nutrition).
 
Zoologie : c'est la seule partie du cursus où sont abordés les espèces autres que domestiques ! En effet, sont présentées les différentes espèces d'animaux sauvages : les oiseaux, les reptiles, les mammifères, les poissons, les insectes et les crustacés. Il s'agit notamment des espèces présentes en France ou en Europe.
 
Virologie : l'étude de la classification, des propriétés des virus et des maladies virales
 
Bactériologie : l'étude de la classification, des propriétés des bactéries et des maladies bactériennes
 
Parasitologie : l'étude de la classification, des propriétés des parasites, leurs cycles, et des maladies parasitaires
 
Maladies contagieuses et Zoonoses : l'accent est mis sur les maladies légalement réputées contagieuses qui peuvent être sources de lourdes pertes économiques et surtout dangereuses pour la santé animale et humaine dans le cas des zoonoses, les maladies se transmettant de l'animal à l'homme et réciproquement.
 
Anatomie Pathologique : c'est l'étude des lésions macroscopiques ou microscopiques. L'analyse des prélèvements, des biopsie est abordé ainsi que l'autopsie des animaux permettant de déterminer les causes de la mort.
 
Imagerie médicale : les bases théoriques des techniques d'imagerie et l'interprétation des images de radio, échographie, scanner et des notions d'IRM et Scintigraphie.
 
Ethologie, bien-être animal et Comportement : comment éduquer un chien ? Quelles sont les bases du comportement d'un animal domestique, comment préserver son bien être et comment corriger certains débordements ?
 
Pathologie médicale : séparée en différentes espèces (animaux de compagnie, équidés, ruminants, porcine, aviaire et cunicole, aquacole et apicole) de poids différents bien entendu, la pathologie médicale comprend la sémiologie (c'est-à-dire les signes cliniques), l'étude des différentes maladies dépendant des diverses spécialités (ophtalmologie, gastro-entérologie, cancérologie etc...) ou systémique, le diagnostic (médecine interne), les traitements et le pronostic. La partie pratique s'effectue avec des consultations et les hospitalisations d'animaux au sein de l'Ecole.

Chirurgie : l'enseignement de la chirurgie fait partie de l'enseignement commun à tous les vétérinaires. Cela comprend la traumatologie (blessures, brûlures...), les boiteries et les interventions chirurgicales de convenance (castration) ou thérapeutique (ablation de tumeur, chirurgie osseuse, amputation... etc).
 
Pathologie de la Reproduction : ce qui comprend la gynécologie, l'andrologie, la pathologie de la gestation et liée à mise bas, les problèmes de fertilités et les moyens de les combattre.
 
Anesthésiologie : les moyens de tranquilliser, sédater et anesthésier un animal, la gestion de la douleur (analgésie) et la réanimation.
 
Thérapeutique : cette discipline intervient pour présenter les grands schémas disponibles pour traiter une ou plusieurs pathologies. L'antibiothérapie et la gestion des résistances bactériennes occupent une grande place.
 
HIDAOA : ou Hygiène et Industrie des Denrées Alimentaires d'Origine Animale. Cela comprend l'étude des lésions ou maladies que l'on peut rencontrer sur des carcasses d'animaux abattus pour la consommation humaine et des denrées d'origine animale (lait, œufs, miel) dans le but de protéger les populations. Ainsi, des visites d'abattoir sont organisées pour inspecter les viandes.
 

Les cours et TD



Les cours théoriques se déroulent en amphithéâtre. Ce sont les enseignants-chercheurs qui les dispensent à partir de support powerpoint. Ils durent en général 2 heures. Ils occupent en règle générale les après-midi, les matinées sont consacrées généralement aux travaux pratiques et cliniques. L'ordre dans lequel les matières sont abordées dépend des Ecoles.

Au moins la moitié du temps de formation est consacré à la pratique.


La clinique



La formation clinique est de loin la plus attendue et réclamée par les étudiants. Et pour cause, il s'agit de la pratique réelle sur des animaux vivants, atteint de diverses pathologies. C'est l'occasion pour les élèves de mettre en pratique leurs connaissances sur le terrain. Hormis le cas particulier des stages, l'enseignement clinique se déroule au sein même de l'Ecole Vétérinaire, grâce à la présence dans chaque Ecole d'un Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire (C.H.U.V.). Son fonctionnement est équivalent à celui d'un Hôpital humain.

Les étudiants y participent dès la 3ème année de deuxième cycle (A3) en y consacrant leurs matinées, et à partir des années suivantes, c'est toute la journée qui se déroule aux sein du C.H.U.V.

Pour les 3ème et 4ème années de deuxième cycle (A3 et A4), les années sont découpées en 2 semestres, l'un consacré aux animaux de compagnie et équidés, l'autre porte sur les animaux de production et la santé publique. Dans chaque semestre, sont organisées des rotations permettant de faire circuler les étudiants dans chaque service :

• Animaux de compagnie et équidés : médecine (consultation de médecine générale et interne, hôpitaux), chirurgie (consultations, hôpitaux et bloc), reproduction, médecine préventive, imagerie médicale, dermatologie, consultations spécialisées, urgences - soins intensifs

• Animaux de production et santé publique : hygiène des aliments, médecine et chirurgie des ruminants, reproduction, médecine aviaire et porcine, médecine collective, clinique ambulante, économie et gestion, autopsie

La place de l'étudiant au sein de cet hôpital dépend bien entendu de son niveau d'étude et aucun étudiant n'exerce seul. En effet, nombreux sont les acteurs des cliniques :

- les étudiants de 3ème et 4ème année de second cycle (A3 et A4)
- les étudiants de troisième cycle (5ème année)
- les internes (qui sont docteurs vétérinaires)
- les résidants (idem, ils sont en spécialisation dans une discipline)
- les chargés de consultations (vétérinaires, ils possèdent déjà une expérience clinique et assurent certaines consultations seuls)
- les assistants
- les praticiens hospitaliers (ils sont spécialistes et exercent exclusivement une activité clinique)
- les enseignants-chercheurs cliniciens (maître de conférences et professeurs, ils dirigent les services et sont responsables des activités de soins)

En résumé, aucun acte n'est réalisé par un étudiant sans la supervision directe d'un docteur vétérinaire diplômé.

Les étudiants sont mis au contact du terrain en recevant le propriétaire de l'animal, le recueil des commémoratifs du patient, et la réalisation d'un examen clinique approfondi et non invasif. Une fois que ceci est réalisé, les étudiants conduisent propriétaire et patient auprès de l'enseignant ou clinicien responsable de la consultation : l'étudiant responsable présente le cas et expose ses hypothèses diagnostiques ainsi que les traitements à mettre en place.
Le clinicien valide, réfute ou corrige le travail de l'étudiant en apportant les explications nécessaires : leçon pour les élèves et explications pertinentes pour le propriétaire qui sera le principal allié du vétérinaire dans le traitement.
Les actes médicaux et chirurgicaux qui en découlent sont réalisés selon la complexité par les étudiants (prise de sang, mise sous perfusion, cliché radiographique, échographie, chirurgie de convenance...) ou les cliniciens (endoscopie, chirurgie neurologique, scanner...) , toujours sous la supervision d'un diplômé.

L'évaluation des étudiants se fait selon plusieurs critères : leur savoirs (connaissances théoriques indispensables), leurs savoir-faire (les gestes techniques de sémiologie et de thérapie) et leur savoir-être (dans le comportement vis-à-vis des patients et de leurs propriétaires, la curiosité, le respect).

Il est important de noter que les étudiants sont confronter à toutes les activités des plus générales aux plus spécialisées. Les autopsies de toutes les espèces animales et les visites à l'abattoir sont indispensables à la formation.


Les stages



Les stages sont nombreux en Ecole Vétérinaire et permettent de se frotter au monde réel du travail. En effet, la formation clinique du C.H.U.V., aussi excellente soit-elle, n'est pas représentative du quotidien d'un docteur vétérinaire libéral. Ainsi, plusieurs périodes de stages extra-muros sont prévues durant le second cycle :

- En première année, un stage de 3 semaines en cabinet ou clinique vétérinaire mixte (soignant tous les types d'animaux) suivi d'une semaine de découverte en exploitation agricole d'élevage. L'objectif est de faire toucher du doigts aux étudiants les intérêts et difficultés de ces deux acteurs (futur métier pour le vétérinaire et futur client/partenaire pour l'exploitant). Un rapport permet d'évaluer ce stage.

- En seconde année, un stage de 6 semaines minimum est à prévoir durant les grandes vacances (juillet-août) dans un domaine laissé au choix de l'étudiant pour peu qu'il ne s'agisse pas de clinique : sont alors accessibles la recherche, l'industrie, la santé publique. Un projet est à envisager avec le maître de stage (par exemple participation à un travail de recherche) et devra être présenté devant un jury de l'Ecole Vétérinaire.

- En quatrième année, un stage en clinique de 4 semaines majoritairement dans les animaux de production. L'objectif est de compléter la formation hospitalo-universitaire qui se trouve de fait décalée de l'activité libérale où c'est le vétérinaire qui se déplace et non les animaux. Des cas cliniques vus en stage sont à remettre aux enseignants lors du retour à l'Ecole.

- En approfondissement, un ou plusieurs stages sont prévus selon la voie choisie.


Une période de formation (stage ou échange) doit obligatoirement être réalisé à l'étranger pour un minimum de 4 semaines. C'est souvent le stage de 2ème année qui est utilisé pour partir dans un autre pays.

Enfin, des stages facultatifs libres sont possibles et mêmes encouragés pour compléter la formation de chaque étudiant en fonction de ses aspirations et de son projet professionnel. Ils peuvent même être inscrits sur le C.V. lorsqu'ils sont validés par un enseignant.


Le diplôme



A l'issu de cette formation qui dure 4 ans, les étudiants ayant réussi à tous les examens de toutes les disciplines reçoivent le Diplôme d'Etudes Fondamentales Vétérinaires (D.E.F.V.).

Ce diplôme sanctionne le niveau d'études Bac +6 et confère par la même occasion de le grade universitaire de Master. Ceci peut paraître incohérent puisque le Master équivaut à un niveau Bac+5 mais tel en a décidé le législateur. Il s'agit d'un héritage des nombreuses réformes passant de deux schémas successifs où le DEFV arrivait à Bac+5 (1 an de prépa et 5 ans d'Ecole, D.E.F.V. en fin de 4ème année d'Ecole et 2 ans de prépa et 4 ans d'Ecole, D.E.F.V. en fin de 3ème année d'Ecole) à un schéma où une année est ajoutée avant l'obtention de ce diplôme.

Ce diplôme incarne l'acquisition de l'ensemble des connaissances communes que chaque futur vétérinaire aura reçu pour l'exercice de son métier.

Le D.E.F.V. n'est toutefois pas suffisant pour exercer immédiatement la médecine vétérinaire. Seul le Doctorat Vétérinaire le permet. En revanche, décrocher le D.E.F.V. permet à son titulaire d'exercer en tant qu'assistant. L'étudiant (admis en dernière année d'étude) peut ainsi travailler auprès d'un docteur vétérinaire diplômé sans toutefois pouvoir le remplacer. Ce droit des diplômés est matérialisé par la remise d'une carte de couleur verte par l'Ordre Supérieur des Vétérinaires, d'où l'appellation de ce diplôme "Carte Verte" au sein de la profession.

L'assistant n'est pas soumis à l'inscription à l'Ordre mais doit tout de même se déclarer à la Direction Départementale de la Protection des Populations. Il agit sous la responsabilité d'un docteur vétérinaire. Ce droit d'exercice restreint est limité dans le temps à un an et demi (le 31 décembre de l'année suivante, date limite de présentation de la thèse vétérinaire pour l'acquisition du diplôme de docteur vétérinaire.



Et après ?



A la fin de l'enseignement de tronc commun, chaque étudiant doit choisir une voie d'approfondissement pour réaliser la dernière année d'étude qui lui permettra d'accéder au Diplôme d'Etat de Docteur Vétérinaire. Il peut à loisir s'orienter vers la clinique, la recherche, l'industrie ou encore la santé publique.

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