Médecine humaine ou vétérinaire ?

 

Médecine humaine ou médecine vétérinaire ?




Hormis les personnes dont l'ambition est de travailler avec des animaux qui prédominent généralement dans le public des études vétérinaires (ou tout du moins des candidats), il reste une part non négligeable de personnes intéressées par la médecine, c'est à dire la science qui se consacre au diagnostic, à la prévention et au traitement des maladies, qu'elles touchent l'homme ou l'animal.

Alors, comment choisir entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire ? Qu'est-ce qui différencie ces deux sciences qui se complètent ? Voici un petit comparatif de deux professions très proches dans la substance et très différentes au quotidien.


Vous avez dit "médecine" ?




Certains vont peut-être se trouver choqués de l'entendre, mais l'homme est un animal (d'un point de vue scientifique, il n'est pas question d'aborder l'aspect philosophique !), un mammifère qui sur de nombreux plans est similaire (ou du moins ressemblant) aux animaux domestiques ou sauvages.

De nombreuses spécialités sont similaires dans les deux domaines : la médecine interne s'intéresse aux maladies dites systémiques (c'est-à-dire touchant l'ensemble de l'organisme) et au diagnostic médical des maladies complexes, la chirurgie correspond à une intervention physique sur les tissus, l'ophtalmologie se consacre aux maladies des yeux et ainsi de suite.

Mais alors, qu'est ce qui change ?

En premier lieu, le patient ! C'est à souligner parce que la responsabilité n'est pas la même : il est bien évident que pour un patient humain, la pression qui pèse sur les épaules du médecin est supérieure que pour un animal de compagnie. Toutefois, lors d'un traitement qui doit être administré à une vache dont la viande va se retrouver dans les assiettes d'une famille, il convient de ne pas prendre ça à la légère, bien au contraire. Un autre exemple, la vaccination contre la rage qui est réalisée -presque- en routine constitue un acte de protection de la santé publique : la rage est une maladie transmissible de l'animal à l'homme et vice-versa, et contre laquelle aucun traitement n'existe. S'occuper de la santé et du bien-être d'un fidèle compagnon d'une personne âgée qui peut s'avérer être le seul lien pour rompre l'isolement est également important.

L'aspect économique est également à considérer. Bien sûr, les objecteurs n'hésiteront pas à rétorquer que la santé n'a pas de prix. C'est vrai, sauf que... ce n'est pas parce que chez le médecin le patient ne paye "pas si cher que ça" que ça ne coûte rien. Un examen de tomodensitométrie (plus connu sous le nom de scanner), coûte entre 200 et 800 euros chez l'homme et presque autant chez le chien. Pourquoi ? C'est très simple : parce que la machine est la même, le coût de son fonctionnement aussi et idem pour la formation et le salaire des personnels nécessaires (un spécialiste en imagerie médicale, qu'il soit médecin humain ou vétérinaire, est indispensable pour interpréter les images).

Alors chez l'Homme, la Sécurité Sociale prend en charge bon nombre de ces dépenses, tant et si bien que le prix réel n'est pas aussi clairement énoncé. Et puis, la fameuse phrase "il faut tout faire pour le sauver" abolit toute hésitation. En médecine vétérinaire, nous sommes forcés de distinguer le "patient" (l'animal malade) du "client" (le propriétaire qui va payer), distinction que les médecins n'ont pas à faire (et mieux vaut ne pas leur parler de "client", ils ne le supporteraient pas !).
Cela peut paraître totalement insensible, mais bon nombre de vétérinaires ont aujourd'hui recours à un devis établi à la réception de l'animal, qui est signé par le propriétaire avant de commencer quoi que ce soit. Les impayés existent malheureusement dans ce métier, parfois au point de placer dans l’embarras les cliniques et hôpitaux vétérinaires. Ceci est particulièrement vrai en pratique équine où la valeur des actes peut atteindre des sommes astronomiques.
On ne s'étonnera pas non plus de devoir arrêter les soins sur un animal malade pour des raisons purement économiques : le vétérinaire sait de quoi il souffre, connait un traitement qui peut s'avérer efficace, mais le propriétaire ne peut pas suivre financièrement. Dans ce genre de situation, l'euthanasie peut être proposée pour ne pas faire souffrir davantage l'animal. C'est dur, mais cela fait parti du métier.

Comme pour les médecins, les honoraires dépendent du niveau de spécialisation du praticien. Par exemple, la formation d'un spécialiste en cardiologie prend au moins 4 ans après le diplôme de docteur vétérinaire, il est normal de la rentabiliser.

La relation praticien-patient se trouve également changée d'une profession à l'autre. Certains disent qu'il est indispensable d'aimer les animaux pour être vétérinaire et d'aimer les gens pour être médecin. Il semble en réalité qu'à défaut d'être un amoureux inconditionnel des animaux, ce sont surtout les humains qu'il faut supporter et aimer autant que faire se peut ! En effet, la difficulté première de ce métier consiste en la gestion des propriétaires, les convaincre que nos actes sont les meilleures options disponibles, que le traitement proposé est le plus efficace. Encore un point commun avec la médecine humaine.

Il est cependant indéniable qu'un attrait pour l'animal est indispensable, si on déteste viscéralement les chiens, pas la peine d'envisager l'option vétérinaire. Mais l'excès inverse nuit tout autant : le détachement est de mise dans de nombreuses situations, il ne s'agit pas de pleurer avec le propriétaire lors du décès d'un animal (qu'il s'agisse d'une euthanasie ou non) alors que ce dont il a besoin c'est d'un professionnel sûr de ses décisions qui doit accompagner sa douleur. De la même façon, un médecin a le devoir de compatir sans s'émouvoir plus que de raison lors d'un décès.


La formation



Les études médicales sont globalement aussi sélectives que les études vétérinaires. Leur durée est plus élevée (8 ans minimum pour un généraliste et jusqu'à 9 ans pour un spécialiste en chirurgie ou en médecine interne). A la différence des études vétérinaires, dès leur externat, les étudiants de médecine peuvent espérer une rémunération pour leurs gardes.

2 concours rythment les études : le concours de sélection de fin de première année, la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé, ex-PCEM1) et l'examen national classant (ECN, anciennement Concours de l'Internat). Ce dernier classe l'ensemble des étudiants de médecine en fin de 6ème année. En fonction de ce classement, les étudiants sont affectés à un internat de spécialité qui durera entre 2 et 5 ans selon la discipline.

N'importe quel bachelier peut intégrer la PACES en théorie, mais le baccalauréat scientifique est vivement recommandé. Le rythme de travail et la pression sont moins importants qu'en classe préparatoire BCPST, néanmoins ce n'est pas plus facile pour autant !

Les principales différences en terme de cursus :

- Sélection au bout de Bac+1 en médecine contre Bac+2 en médecine vétérinaire
- Durée d'étude de 8 ans minimum contre 7 minimum en médecine vétérinaire
- 2 barrières de sélection (une générale, l'autre pour le choix de la spécialisation) en médecine humaine, une seule obligatoire en médecine vétérinaire, les autres interviennent si l'on choisit de se spécialiser
- gardes et rémunération dès l'externat (4ème année) en médecine humaine, pas de rémunération durant la formation initiale vétérinaire

Pour les deux professions, mieux vaut ne pas vouloir faire de grasses matinées ! Le rythme est soutenu, et s'accélère au fil des années. Il faut être motivé, dynamique et volontaire.


Débouchés



En terme de débouchés après les études, ces deux professions font parti des rares métiers offrant 100% de taux d'emploi après l'obtention du diplôme. Comme pour la profession vétérinaire, la médecine humaine propose de vastes débouchés en libéral, en clinique et hôpitaux, en recherche publique ou privée etc...

La rémunération moyenne des médecins est plus élevée que celle des vétérinaires, mais tout dépend des spécialités : un endocrinologue (humain) gagne par exemple moins en moyenne qu'un vétérinaire "mixte" exerçant en milieu rural.

Au quotidien, le médecin généraliste reçoit les patients et assure leur suivi (on parle souvent "d'omnipraticien". Le vétérinaire quant à lui, s'apparente à un "pluri-spécialiste" : il est bien souvent polyvalent dans le sens où la chirurgie, la radiologie, la pharmacie et bien d'autres disciplines s'ajoutent aux consultations "classiques".


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